REHABILITATION ecologique et paysagere DU SITE DE L'ANCIEN LAC DE l'ECUREUIL
Historique
Créé en 1969 par l'Office National des Forêts dans un objectif de Défense de la Forêt Contre l'Incendie (DFCI), ce lac artificiel se constituait d'un barrage de 12 mètres de haut permettant une capacité de stockage de 90.000 m3. Ce plan d'eau est alors devenu un objectif de balade pour les visiteurs. Outre sa localisation en plein coeur du massif de l'Estérel et sa renommée comme point focal touristique, le lac présentait également une richesse écologique majeure. En effet, en tant que milieu humide, il abritait une biodiversité et des habitats naturels particuliers au regard de ceux majoritairement présents dans le massif de l'Estérel.
Dès son remplissage, la structure a présenté des fuites traversantes dans le corps du barrage qui menaçaient sa stabilité. En 2007, la Direction Départementale de l'Equipement et de l'Agriculture a attiré l'attention de l'Office National des Forêts sur le caractère potentiellement dangereux de l'ouvrage. En 2009, la vidange brutale de la retenue d'eau a entraîné le déferement d'une lame d'eau et un mouvement massif de matériaux sédimentaires dans le ravin du Mal Infernet situé à l'aval provoquant des désordres morphologique du cours d'eau (engravement et envasement) et écologique pour les cortèges faunistiques et floristiques en présence. Par ailleurs, le plan d'eau à sec a laissé place à un paysage de désolation.
12 ans plus tard, le Syndicat Mixte du Grand Site de l'Estérel envisage la réhabilitation de l'ancien lac de l'Ecureuil, des ravins du Mal Infernet et du Grenouillet ainsi que du lac du Grenouillet. Une étude pré-travaux a été lancé en août 2020 avec la réalisation dans un premier temps d'un état initial du site. Confiée au groupement formé des bureaux d'étude ANTEA GROUP, COMPOSITE, NATURALIA ENVIRONNEMENT et MAISON REGIONALE DE L'EAU, elle se compose d'une tranche ferme (Diagnostic et définition de scénarii de réhabilitation) et d'une tranche optionnelle (Avant-Projet Sommaire et Avant-Projet Définitif).
Premiers résultats de l'étude
Diagnostic
Volet hydrologique, hydrogéologique et hydromorphologique
Le tracé du cours d'eau n'a quasiment pas évolué depuis le XIXe siècle ; la topograhie du site laissant peu de possibilité de mobilité. 3 traversées, passages à gué, et 4 seuils sont présents dans le lit du cours d'eau. L'évolution la plus importante du cours d'eau est liée à la construction puis à l'effacement du barrage. Cet ouvrage a réduit les apports sédimentaires vers l'aval durant sa durée de vie, son effacement a pu rétablir la continuité du transport sédimentaire mais a fortement impacté les gués et seuils qui sont tous engravés avec des niveaux de sédiments qui atteignent la crête des ouvrages. En aval des passages à gué, des fosses d'érosion se sont créées et entraînent une instabilité des ouvrages avec une nécessaire récurrence des travaux de confortement. Les affluents de l'ancien lac de l'Ecureuil se sont, quant à eux, incisés, avec un enfoncement de leur lit (jusqu'à 2 mètres pour le ravin des 3 Termes).
Le linéaire entre l'ancienne retenue et le lac du Grenouillet est caractérisée par des zones de méandres alternées de zones d'écoulement plus rectilignes entraînant des différences de vitesse d'écoulement, d'érosion (extrados) ou encore de dépôt solide (intrados). La pluviométrie de la zone est de type méditerranéenne avec des épisodes de sécheresse et de pluies intenses. Les écoulements dans le cours d'eau sont donc intermittents sauf sur environ 300 mètres où un secteur est toujours en eau. Il est localisé sur un substratum rocheux très peu perméable. A l'inverse, dès que le fond du cours d'eau est de type alluvionnaire, les eaux s'infiltrent et s'écoulent dans les alluvions.
Deux sources se trouvent à proximité du cours d'eau et participent à l'alimentation de ce dernier même en période d'étiage. Elles correspondent à des exutoires d'écoulements plus profonds dans le massif rhyolitique et trouvent leur exutoire en faveur d'une faille. L'état général du cours d'eau est biologiquement et physico-chimiquement très bon.
Volet PAYSAGER
Site de l'ancien lac de l'Ecureuil
C'est un espace en libre évolution avec une profusion de flux de visiteurs nécessitant un accompagnement pour orienter cette dynamique vers un paysage identitaire et assurer une cohérence au regard des différents usages. Il s'agit du seul espace dont la structure paysagère globale peut encore prendre des faciès différents selon les choix et stratégiques d'accompagnement de la dynamique en cours.
Ravins du Mal Infernet
Il se caractérise par un paysage stable mais comportant de nombreux aménagements avec une tendance à la dégradation. Le contact des usagers avec ces aménagements et les travaux successifs de confortement impactent l'ambiance paysagère perçue. La qualité des ouvrages et des aménagements futurs devra être à la hauteur du caractère pittoresque des lieux.
Ravin du Grenouillet et lac du Grenouillet
Il s'agit d'espaces ouverts avec un cheminement de découverte à flanc de coteau sur l'adret du relief traversant un milieu sec caractérisé par une reconquête lente de la végétation. Le paysage offre des vues dégagées que les ouvrages de soutènement en pierres de l'Estérel ne viennent pas polluer visuellement. Le Lac du Grenouillet offre aux visiteurs la vue d'un plan d'eau dès l'entrée dans le massif de l'Estérel. Toutefois son fort engravement a pour conséquence de le rendre à sec une bonne partie de l'année.
Volet ECOLOGIQUE
Le massif de l'Estérel est une île géologique volcanique isolée dans une Provence à dominante calcaire, formant un réservoir biologique de premier ordre et un centre local d'endémisme en région méditerranéenne continentale française, tant par l'originalité que par la diversité des formes de vies qui y sont inféodées. C’est aussi carrefour biogéographique contrasté pour des espèces thermophiles situées en limite septentrionale de distribution qui trouvent refuge sur les adrets thermo-méditerranéens. De même, les espèces mésophiles d’affinités atlantiques ou circumboréales, probablement piégées au cours de la période Atlantique (-7500 et -3800 BP), trouvent refuge en de rares localités des fonds de vallons humides et froids des ubacs.
L’Estérel est une entité écologique partageant des similarités originales avec le proche massif siliceux des Maures, de Biot et plus lointains avec ceux des Cévennes, des Albères, de Corse ou encore du Mercantour.
Sans l’intervention de l’homme, la zone d’étude se serait conformée à un ensemble de contraintes physiques. Les barrières naturelles y sont nombreuses pour un ensemble de taxons terrestres, avec une abondance de parois, pitons rocheux ou de pentes abruptes souvent infranchissables. Les lieux très rugueux tels que les éboulis ralentissent également la progression ou la colonisation de certaines espèces de faune terrestre ou de flore. De plus, les amplitudes thermiques transforment en barrières une part des habitats. C’est notamment le cas des maquis et des pelouses ou des espaces caillouteux du fond du vallon, devenant selon les saisons trop arides pour être franchis.
Le transit aquatique et sédimentaire est impacté par des problématiques fonctionnelles puisque se trouvent le long de l’aire d’étude plusieurs étranglements et sinuosités. Les seuils et gués sont des aménagements qui piègent des sédiments et altèrent de ce fait la dynamique du cours d'eau. Ces tamponnements ont également un effet barrière pour les poissons et probablement pour d’autres espèces comme la Cistude d’Europe.
Les forêts sont constituées de chênaies matures et fraîches dans les ravins encaissés avec un faciès singulier au contact du cours d’eau formé de houx, tilleul, laurier noble, etc... Toutefois la présence d'espèces végétales exotiques envahissantes au niveau des berges humides et suintements comme l'Ailanthe, le Platane, le Cupressus, l'Eucalyptus, le Robinier, le Bambou, etc... présente un risque de prolifération.
Parmi les espèces emblématiques répertoriées se trouvent :
* l'Ascalaphe mouchetée,
* La Cordulie à corps fin,
* La Proserpine,
* Le faucon pélerin,
* Le Grand Rhinolophe,
* La Barbastelle d'Europe,
* Le Barbeau méridional.
Rapport complet